Exploser ou imploser socialement ?

Si nous co17-Exploser ou imploser 2mparons les grandes transformations sociales à une sorte de développement explosif générateur de nouveautés, nous pouvons constater que certains conflits sociaux de grandes envergures peuvent générer une implosion fratricide meurtrière.

L’explosion sociale, dont on parle, à tendance à canaliser l’énergie pour améliorer la qualité de notre mode de vie à bien des niveaux. Tandis que l’implosion nous amène à franchir une limite où tous les efforts de transformation sont perdus dans une sorte d’hémorragie idéologique incontrôlable remplaçant littéralement le développement en cours par une sorte de décomposition de nos valeurs morales et de nos conventions. L’implosion sociale ressemble sans contre dit à ce phénomène cosmique du trou noir sidéral aspirant par une sorte de vortex extrêmement froid la structure chaude et lumineuse de l’étoile annulant automatiquement son effort d’existence dans la galaxie. L’étoile absorbée nourrie un système parallèle. Passant de l’extrêmement chaud à l’extrêmement froid, l’étoile vampirisée par le trou noir court-circuite la diffusion de la lumière solaire pour créer une sorte de vide absorbant tout sur son passage. 

Il est difficile de croire que nous vivons à la fois ces deux types de mouvements (implosif / explosif) à travers nos différents développements sociaux mais, plusieurs évènements démontrent que cette alternative malsaine nous pousse littéralement à s’autodétruire pour évoluer. L’implosion arrête notre développement pour la rediriger vers la «case départ» c’est-à-dire vers un état de survie perpétuel où il faut tout recommencer à zéro faute de pouvoir comprendre comment ces mouvements  diamétralement opposés pourraient devenir complémentaire.

Que ce soit l’invention du train, de l’automobile ou de l’avion comme nouveaux transports public. Que ce soit la mise en place de services liés à l’assurance maladie ou l’accessibilité aux institutions scolaires, pour les plus démunis, les objectifs de ces «explosions sociales» sont toujours d’augmenter la qualité de notre mode de vie pour le mieux être de tous les citoyens. Dans un autre ordre d’idée, nous acceptons le port d’arme en milieu urbain cautionnant une protection exagérée des personnes favorisant de facto les vengeances personnelles et les règlements de compte créant de petites implosions au niveau communautaire. Toutes les types d’’implosions sociales, surtout les plus banalisées comme la corruption et le taxage systématique des plus faibles, coûtent tellement cher à notre fragile équilibre social que nous ne pouvons plus assumer le «paiement» de ce gaspillage d’énergie.

Plusieurs pays considérés comme émergeant croulent sous une pression interne toujours plus intense où la surconsommation de biens et services nécessite de se procurer obligatoirement des ressources naturelles. Des milices armées engagées pour tuer tous les opposants qui leur empêcheraient l’accès à ces richesses mettent à feux et à sang les nations propriétaires de ses ressources pour arriver à leur fin. Certaines parties du globe sont artificiellement appauvries devenant rapidement des zones sinistrées vidées de leur patrimoine à cause de l’appétit gargantuesque de ceux et celles qui revendiquent avec force la part d’un marché dont ils dilapident allègrement les ressources. C’est à partir de ces sortes de pillages appelés déforestation à blanc, exploration minière sauvage, installation de centrales nucléaires hyper polluantes ou encore surpêche des océans, que nous pouvons mieux saisir la manière dont ces mouvements de destruction massive de notre capital biologique participent à notre implosion sociale.

Citons seulement la technologie des OGM (organisme génétiquement modifié) qui promet d’augmenter la productivité et la performance des récoltes en mettant en place une dépendance pernicieuse aux semences génétiquement modifiées. Les OGM détruisent à petit feu la biodiversité afin de la remplacer par une vie artificielle non adaptée à la pluralité de la vie sur terre. Jamais, depuis des temps immémoriaux, il n’y a eu autant de suicides de fermiers et d’agriculteurs partout à travers le monde après avoir adopté cette technologie de laboratoire au profit de celle plus traditionnel de protéger les semences, d’une année à l’autre, pour renforcer et diversifier les futurs récoltes. Cette nouvelle technologie, du secteur agraire, vise à éliminer la relation ancestrale des cultivateurs face à la terre par une vision uniquement mercantile où l’objectif est de prendre possession des terres cultivables pour mieux en contrôler la hausse des prix. Cultiver la terre devient la convoitise des entreprises de gestion et non des paysans créant ainsi un autre vide de sens au niveau de la relation entre l’homme et sa façon de préserver ses plantes nourricières. Une cascade d’implosions suit son cours d’où personnes, riches comme pauvres, n’en sortirons pas gagnantes.

Le développement, la prospérité et la création d’une richesse collective, vanté par nos dirigeants, est directement associés à la manipulation de quotas, au déracinement de la population autochtone, à la création de camps de réfugiés, à la pollution de l’eau et de l’air comme aux risques de catastrophes nucléaires et à la confrontation guerrière pour le maintien d’une cote en bourse. Rien de tous cela n’aide à la création d’une qualité de vie et d’une participation des individus au développement social. Pire, ces mouvements à caractère implosif nous entrainent assurément vers un non sens relationnel avec notre planète comme si nous étions indépendant voire supérieur aux éléments qui soutiennent notre existence.

 Quel sera l’héritage que nous donnerons à nos enfants ? Un capital financier virtuel acquis en hypothéquant nécessairement l’avenir de la vie sur terre ? Qu’on se le dise, le développement, l’évolution, la maturité politique et la sagesse populaire sont totalement gratuits et sans lien avec l’accumulation d’un pouvoir personnel sur les individus. Ce qui coûte du temps et de l’énergie  c’est d’entretenir la peur du manque à gagner et le contrôle malsain que nous voulons avoir sur la nature et sur les hommes.

 Si la fleur de l’arbre fruitier représente une sorte d’explosion cette dépense d’énergie se dirigera vers la création d’un fruit lequel construira son avenir biologique dans un espace fermé engendrant une sorte d’implosion salvatrice. Ainsi l’arbre évolue et crée de nouvelles générations d’arbres. Rien dans les étapes de son développement n’est mortel et dévastateur car ses différents mouvements, à caractère complémentaires, sont nourriciers et compatible avec la biodiversité. La fleur explose et le fruit implose et chacune des étapes de l’arbre est liée par les mêmes dénominateurs commun: les éléments. L’équilibre recherché est autant au niveau des étapes de réalisations (feuilles, fleurs, fruits) qu’au niveau des multiples principes qui l’animent (photosynthèse, respiration végétale, convivialité avec le règne animal). La flore ne s’autodétruira jamais pour renaitre et encore moins pour se reproduire car la terre elle-même récupère en totalité les éléments participant à sa croissance. Alors, pourquoi l’homme ne peut apprendre de ces exemples tous simples ? Sommes-nous si orgueilleux de notre grande intelligence et de notre vision pragmatique de la réalité que rien ne peut modifier cette tendance à garantir notre développement par l’autodestruction ? Sommes-nous si fasciné par cette idée de contrôle qu’il faille encore et toujours démontrer avec force notre suprématie sur la nature des choses ?

Nous vivons une période charnière où nos décisions sur notre avenir biologique auront un impact sur les prochaines générations. Ce dualisme social d’exploser versus imploser sans tenir compte de notre compatibilité avec les composantes de la nature n’a plus lieu d’être surtout quand la dégradation de nos principes démocratiques fait rage et que nous sommes en voie de nous exterminer afin de garantir la pérennité d’un système financier axé sur l’industrie de la guerre, de la drogue et des médicaments. À défaut d’adopter une nouvelle conscience planétaire pour mieux protéger la qualité de notre environnement nous aurons à subir de plus en plus ces implosions meurtrières dont plusieurs, semble, en tirer profits à moyen terme.

 Avons-nous une chance d’évoluer sans inévitablement se tuer au sens propre du terme ?

Michel Delage

Articles de référence :

Dean Beeby,  « Les crimes à l’arme à feu coûtent cher aux contribuables », Le Devoir, actualités 10oct.2012 p.A2

Éric Desrosiers, « Il y a péril en la planète », Le Devoir, Économie 9 janvier 2013 cahier B

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