L’art du savoir-prendre

Nous sommes dans un monde de commerçants et d’économistes qui veulent faire des investissements judicieux dans une économie de libre marché où l’évaluation de leur transaction se fait par une fluctuation boursière. Quand il s’agit de vendre à l’échelle mondiale, il faut que la performance soit au rendez-vous afin d’augmenter les dividendes des actionnaires. Ainsi, la création de notre richesse collective n’est pas axée seulement sur un savoir-faire professionnel mais aussi sur un «savoir- prendre» qui exige de bonnes stratégies d’acquisition permettant de se construire un portefeuille d’actions, lequel devra être le plus rentable possible.

Mais de quelle richesse collective parle-t-on quand ce système financier hypercomplexe n’est efficace que pour un faible pourcentage d’initiés ? Quand il s’agit d’analyser le développement des pays qui croulent littéralement sous des dettes nationales faramineuses, comment fait-on pour croire en l’existence d’une richesse aussi difficile à réaliser qu’à concevoir bénéficiant de règles administratives parallèles qui redirigent les profits vers des paradis fiscaux ? Quand nous parlons du développement économique et des fluctuations des devises, tous les bilans sont négatifs et très souvent il est difficile d’en faire un tableau complet tellement on nous cache la vérité à travers une gestion occulte des données. Seules les multinationales démontrent (semble-t-il) une rentabilité dans l’exercice de leur comptabilité à deux vitesses. Si plusieurs experts nous prédisent des changements sociaux inévitables à cause d’un manque à gagner impossible à combler, la question se pose : Comment se fait-il que nos sociétés se sont appauvries et endettées alors que nous sommes tous et toutes supposés travailler à notre enrichissement collectif ? Il se peut que la corruption et la collusion de nos décideurs comme la spéculation sur les inventaires et les stocks à venir y soit pour quelque chose.

Le travailleur de toutes les nations, en plus d’avoir peur de perdre son emploi à n’importe quel moment, voit disparaître son fonds de pension à cause d’investissements toxiques et absorbe, de jour en jour, le stress de l’augmentation du coût de la vie qui ne cesse de gruger son maigre pouvoir d’achat. Dans les faits, nous payons le quadruple du prix de notre force de travail pour amasser une richesse collective qui nous oblige à tomber dans l’illégalité pour y avoir accès. À ce compte, il est presque normal de se considérer trompé par un double discours de nos élus qui veulent à la fois représenter le peuple mais faire gagner les riches, car ces derniers contrôlent l’économie. Quand notre ministre des finances annonce une baisse du taux d’intérêt directeur ou une baisse d’impôts, c’est pour nous donner la possibilité d’emprunter encore plus. Mais sommes-nous plus riches parce que nous pouvons augmenter facilement les limites de nos cartes de crédits ?

Certains vivent comme des princes. Une classe de richissimes nous montre que c’est possible de s’élever au dessus du groupe et d’avoir une vie florissante. De-ci de-là, il y a bien des personnalités généreuses et attentionnées qui donnent de leur temps et même de leur fortune, montrant l’importance d’aider les autres, ce qui est très bien. Mais la liste est longue et s’allonge de plus en plus de groupes communautaires, voire de pays en difficulté, de gouvernements acculés à la faillite, de collectivités affamées, de réfugiés laissés à eux-mêmes, de déplacés si ce n’est pas carrément de dépossédés de leur terre au profit de multinationales ayant modifié les lois, par lobying interposé, afin de mieux s’approprier le bien public. Sacrifiés à l’hôtel du profit rapide et de la rentabilité économique des grandes sociétés, nous sommes aspirés inexorablement dans le « savoir-prendre » des spéculateurs dont l’ambition mercantile se résume à la privatisation des revenus et à la socialisation des dettes.

Paradoxalement, toutes les nouvelles grandes sociétés, issues des pays émergeants, veulent croire qu’elles auront automatiquement une part du gâteau fiscal pour réaliser leur rêve d’être dans les « top ten » des plus grosses fortunes. Mais ce rêve, pour qu’il se réalise, nécessite de cacher des gains pour qu’il soit de moins en moins assujettis aux taxes les plus élémentaires, celles-là même qui servent à financer les services essentiels des plus démunis.

Autant notre désir d’exploiter nos ressources naturelles jusqu’à la dernière goutte d’eau nous dirigera vers des pénuries monstres partout sur la planète, autant soutenir le concept d’une richesse d’acquisition basée sur le « prends-le avant qu’un autre le prenne » nous entrainera inévitablement vers la spéculation à outrance, la guerre civile et la dépression des individus. D’ailleurs, à voir les grands titres des journeaux, depuis 2008, il se peut que l’art du « savoir-prendre » ait atteint des sommets inégalés sur les cinq continents.

Malheureusement, aujourd’hui il est facile de convaincre toute une population qu’elle sera riche parce qu’elle a des acheteurs pour ses ressources, même si ces acheteurs vont, en fait, vider les ressources jusqu’à l’épuisement sans valoriser d’aucune façon la culture et la générosité des citoyens propriétaires. Bien étrange, également, cette idée d’une richesse collective qui ne tient qu’à la consommation de biens et services et qui finit toujours par le gaspillage systématique de nos matières premières, voire par la dilapidation systématique de notre bien commun au profit d’un équilibre budgétaire que plus personne ne croit relié à une balance commerciale quelconque, mais plutôt à une visée bassement électoraliste.

Cette richesse des gagnants coûte extrêmement cher per capita. Cet « american way of life » n’a jamais été économiquement rentable. Ces fortunes d’entreprises qui n’existent que par l’accumulation de trésors de la guerre des marchés créent des disparités insurmontables entre les exploités et les exploiteurs. La richesse des nantis est constamment entretenue par des messages de réussite personnelle, des films sur la gloire des nababs ou des histoires d’escroc bon père de famille  (style Bernard Madoff).

La richesse, la vraie, celle qui n’est pas constamment soutenue par des stratégies marketing et des pirouettes comptables, prend racine dans une conscience populaire de l’héritage que nous laisserons aux futures générations. La richesse collective dont je veux parler est celle des bonnes relations, de notre implication communautaire, de notre vision de l’avenir comme du don de soi qui s’entretient non au moyen d’une commandite bien placée mais par une intention bien sentie d’abolir les inégalités de ce monde. Si, pour plusieurs, la richesse se matérialise après avoir travaillé, après avoir économisé, après avoir fait ceci ou cela et même après avoir volé son voisin, alors la notion même de richesse sera toujours un concept à la remorque d’une compétition malsaine entre ceux et celles qui veulent « prendre » tout ce qu’il leur tombe sous la main en prétextant vouloir faire rouler l’économie. Avant de s’approprier la richesse des autres comme celle du bien public, il faut savoir que nous vivons tous et toutes sur la même planète et que bientôt nous devrons développer une conscience planétaire, même si, pour ce faire, il nous faudra encore beaucoup de sagesse, de maturité et de détachement face à ce « savoir- prendre » qui nous dépossède tranquillement de notre «savoir-être».

Notre capacité à accumuler une fortune personnelle n’aidera en rien à faire évoluer l’humanité, même si cela semble la voie royale pour démontrer son pouvoir et mériter un statut privilégié dans la haute société. Un changement de paradigme est souhaité et attendu, sinon nous aurons la richesse collective que nous méritons…

Michel Delage

Le rectangle noir: la version électronique du trou noir

Dans l’histoire, nos différentes organisations sociales imitent le développement de la nature. En effet, nous raffinons sans cesse nos connaissances sur certains aspects de notre environnement pour y puiser allègrement des exemples, voire des principes, afin d’améliorer nos structures politiques, administratives, commerciales et, même, personnelles. Par exemple, la hiérarchisation de nos sociétés, où empereurs, gouvernements et multinationales centralisent le pouvoir détenu par seulement quelques individus ressemble étrangement à la formation des trous noirs célestes. Une comparaison avec de tels phénomènes astronomiques peut aussi se faire avec la technologie mobile.

Ce que nous savons des trous noirs, c’est qu’au centre des soleils et des galaxies, il y aurait une sorte de masse sphérique qui centralise le développement de ces événements célestes. On peut aussi dire que les trous noirs* sont comparables à notre conception particulaire** du monde atomique dans lequel le noyau attractif est en fait un pôle d’où gravitent des électrons créant un volume magnétique capable d’entrer en relation avec d’autres volumes du même type. Les trous noirs galactiques génèrent une sorte de développement à la fois centrifuge (ils tournent sur eux-mêmes) et centripète (ils dégagent une multitude d’ondes pour enrichir leur enveloppe magnétique). Nos connaissances actuelles sur les trous noirs nous amènent à les considérer comme les vrais moteurs de l’univers malgré leur caractère invisible et difficilement analysable dans leur totalité.

La comparaison entre hiérarchie sociale, utilisation de la technologie mobile et trous noirs se fait au niveau d’une action à la fois centrifuge, en ce sens qu’ils créent tous un noyau central qui garde précieusement un pouvoir d’émission, et centripète, parce qu’ils génèrent un rassemblement des forces vives de la population, ou d’une clientèle, autour d’une même idée ou d’une vision commune de la réalité. Tout comme les systèmes solaires, les mouvements sociaux, qu’ils soient d’ordre communautaire, politique ou commercial, ont souvent un foyer lumineux émissif : une idée principale ayant un pouvoir attractif, mais un côté invisible d’une opacité parfois quasi impénétrable et noire d’un point de vue métaphorique.

Cette comparaison avec des phénomènes astronomiques de type « trou noir » peut également se faire avec la technologie mobile qui, organise et structure de plus en plus nos vies et centralise l’information dans un objet attractif dont la source est plus ou moins « invisible », pour ne pas dire inconnue. Autrement dit, les cellulaires et les ordinateurs présentent ce même « pattern » : ils sont à la fois centrifuges parce qu’ils nous attirent dans un mouvement attractif, et centripètes, car ils nous mettent en contact avec plusieurs types de réseaux sociaux qui nous donnent une présence virtuelle dans des sphères souvent difficiles à circonscrire dans un nuage électronique dont peu d’entre nous connaissent le fonctionnement.

À l’heure actuelle, l’engouement pour les téléphones intelligents prend tellement d’ampleur qu’on peut dire sans se tromper que certains consommateurs « tombent » littéralement corps et âme, sans pouvoir y échapper, dans ce « rectangle noir »  qui absorbe totalement leur concentration. Plusieurs études ont montré que la dépendance à la machine devient catastrophique pour ceux et celles qui se laissent prendre par les multiples fonctions de l’appareil. Le rectangle noir aspire la lumière de la personne à un point tel que certains utilisateurs vont même jusqu’à croire que ses appareils sont indispensables pour assurer leur épanouissement personnel. Pour eux, il devient plus important de participer à la masse magnétique des réseaux de satellites que de raffiner leur propre capacité à entrer en communication avec de vraies personnes.

Par ailleurs, être en possession d’un rectangle noir, c’est aussi avoir la possibilité de modifier à volonté son image de soi en la reconstruisant à des fins de promotion et de représentation. Il s’agit dès lors d’une technologie qui a inévitablement des effets pervers sur l’épanouissement de la personne qui, normalement, devrait se construire à même des expériences réelles et non en utilisant une série de représentations virtuelles éphémères (les selfies), qui n’ont de sens que si elles sont vues à l’écran. Le rectangle noir devient dans ce cas une sorte de « trou noir » miniature et portatif autour duquel s’organise et se structure la psyché (le sens que l’appareil donne à la réalité) de ceux et celles en manque de vécu réel. Après un certain temps, si le rectangle noir n’est plus là, il y a effondrement des valeurs de la personne comme une sorte d’implosion identitaire. Le rectangle noir ayant gardé précieusement dans sa gangue informatique la source même du développement personnel de l’utilisateur, celui-ci stoppe net son processus de reconnaissance de soi, ayant malheureusement remis l’entièreté des étapes de sa croissance dans la mémoire du nuage informatique. Le vide de sens qui s’ensuit provoque ainsi une détresse psychologique parfois suivie d’une angoisse de vivre dont on ne soupçonnait pas l’existence.

La même chose est en partie vrai pour d’autres objets qui prennent peu à peu plus d’importance qu’il n’en faut pour ceux et celles qui présentent cette même fragilité identitaire et psychologique. Qu’il s’agisse de porter une arme pour se protéger d’ennemis imaginaires ou de se valoriser par l’achat d’une automobile, le culte de l’objet sert à cautionner l’identité de l’utilisateur plus qu’à bonifier ses actions ou à les rendre plus efficaces. Tous les objets du monde : couronne, château, avion, pistolet, auto et aujourd’hui cellulaire ne sont que des objets. Il faut s’en souvenir même s’il faut les mettre de côté pour valoriser ce que nous avons de plus humain : nos contacts avec autrui.

L’espace sidéral, le monde atomique et la vie planétaire constituent un fabuleux miroir pour notre développement social et personnel. Faire des analogies avec ces phénomènes permet de nous aider à mieux nous comprendre et, éventuellement, à devenir meilleurs. Si, par mésaventure nous devenons dépendants d’un simple objet avec l’illusion qu’il peut définir plus facilement notre identité, c’est le signe qu’il faut revenir à quelque chose de simple… de beaucoup plus simple.

Après l’explosion d’Hiroshima et de Nagasaki en 1945, le développement social s’est orienté vers une consommation effrénée d’objets de toutes sortes. Notre monde actuel a été fragmenté en milliard de morceaux qui sont devenus une source de pollution pour notre environnement. Cette bombe, née de la fissure du noyau d’un atome d’hydrogène et qui libère une énergie fabuleuse, a fissuré en même temps notre façon de penser et à créé un monde explosif et fragmentaire qui fissure à son tour l’axe principal de nos valeurs humaines avec la production incontrôlable d’objets qui créent des dépendances imaginaires. Aujourd’hui, nous vivons pour consommer ces produits qui détruisent notre planète, engendrent des guerres fratricides et divisent la population soumise à la loi de l’offre et de la demande.

Si notre connaissance du monde microscopique de l’atome et celle des objets célestes donne le moyen de produire des centrales nucléaires et des armes de destruction massives visant à contrôler une puissance de feu et à pouvoir produire encore et toujours plus de biens, il se peut que, collectivement, nous ne soyons pas assez matures pour comprendre ces aspects de la réalité dans leur essence propre. De même, si notre dépendance à la mobilité technologique nous entraîne dans un processus de dématérialisation de notre identité, qui remplace notre « image de soi » par une représentation virtuelle en fonction de laquelle la machine est seule à détenir les étapes de vie, il se peut que nos sociétés explosent et implosent tout à la fois (ce qui se passe partout sur la planète) pour essayer de retrouver l’essence même de notre condition humaine.

Le rectangle noir peut-il nous aider à découvrir de nouvelles solutions afin de retrouver notre identité ? En quoi le rectangle noir influence-t-il notre façon de penser, si tout est mis en oeuvre pour fragiliser notre développement politique, social et psychique?

Bref, qui est vraiment derrière le rectangle noir ? Un gigantesque trou noir social ou des homos sapiens technomobilis en quête d’un nouveau sens pour l’avenir de l’humanité?

Michel Delage

Réf :

* Trou noir : En astrophysique, un trou noir1 est un objet céleste si compact que l’intensité de son champ gravitationnel empêche toute forme de matière ou de rayonnement de s’en échapper. De tels objets ne peuvent ni émettre, ni réfléchir la lumière et sont donc noirs, ce qui en astronomie revient à dire qu’ils sont invisibles. Toutefois, plusieurs techniques d’observation indirecte dans différentes longueurs d’ondes ont été mises au point et permettent d’étudier les phénomènes qu’ils induisent. En particulier, la matière happée par un trou noir est chauffée à des températures considérables avant d’être « engloutie » et émet une quantité importante de rayons X (fr.wikipedia.org/wiki/Trou_noir)

** modèle particulaire (ou modèle corpusculaire) est un modèle scientifique basé sur l’idée que la matière est composée de particules. Il permet d’expliquer certains comportements et certaines propriétés de la matière. (www.alloprof.qc.ca/BV/pages/s1050.aspx)

Jouer : c’est sérieux

Jouer au jeu de dame, aux échecs comme aux multiples jeux de cartes et bien d’autres en utilisant des interfaces, facilitent les contacts entre individus dans le simple fait de créer un espace virtuel de rencontre à l’intérieur d’un mode de communication axé sur des interactions prédéterminés. Rapidement ces espaces virtuels supportent un contexte d’apprentissage lié à la connaissance de soi.

Que ce soit dans le but d’acquérir un nombre spécifique de points ou d’argent, d’apprendre à mémoriser des combinatoires mathématiques ou d’affiner sa vision stratégique dans un jeu de guerre et de territoire, l’essentiel se résume toujours à développer ses forces dans l’esprit et de s’auto évaluer à travers des objectifs simples et souvent quantifiables. Ces espaces virtuels de rencontre, à caractère ludique, sont toujours régies par des règles et des méthodes de jeu afin de mieux définir une problématique à résoudre, le tout agrémentés d’une récompense symbolique pour ceux et celles qui réussissent à trouver la solution aux défis proposés.

Tous les jeux du monde engendrent des réflexions sur notre capacité à comprendre une situation donnée opposant automatiquement nos forces à nos faiblesses pour les comparer avec celles de nos adversaires. Tous les jeux sont des occasions pour vérifier l’attitude positive et négative que nous devons avoir à l’intérieur d’événements qui nous opposent les uns aux autres. Ces multiples variations de jeux d’équipes permettent d’évaluer la compétitivité des participants en révélant, au passage, un certain dépassement personnel comme trame de fond.  Les jeux de rôles et de stratégie, en définitive, sont des sortes d’initiation à caractère relationnel où l’exercice de base est de réussir à «jouer» avec un nombre restreint de composantes (personnes, objets, états d’être, stress etc,) pour bien différencier les perdants des gagnants.

Ce qui devient sérieux, dans ces exercices, c’est de pouvoir transférer cette apprentissage en une réalisation personnelle à court terme. Le jeu de société, étant l’antichambre d’une plus grande réalisation dont les applications devront avoir plus une portée à long terme en plus d’une incidence sur notre parcours de vie, se doit d’être un milieu incubateur pour développer l’estime de soi.

Regardez les animaux. Dès leur naissance, ils jouent avec leur environnement immédiat et surtout avec leurs parents, leurs frères et sœurs pour apprendre à devenir ceux qu’ils sont supposés incarner. Dans leurs jeux innocents, les animaux peuvent se tromper et ainsi ajuster leur potentiel comme si ils avaient, eux aussi, une occasion inespérée de faire connaissance avec leur corps avant d’être emporter dans le cycle de la survie de l’espèce. Les êtres humains ne font pas exception à ces règles d’apprentissage accélérées en période de jeune enfance. Dans toutes ces simulations, la quête du savoir être et du savoir faire est omniprésente .Les petits problèmes et les petits défis insérés dans des événements plus ou moins encadrés voire sécurisés par un environnement familial sont des tests qu’il est bon de faire et de refaire plusieurs fois.

L’action de jouer est sans contre dit un rituel de passage installant, insidieusement, une conscience de ses comportements psychologiques et de sa façon de percevoir le monde qui nous entoure. L’esprit du jeu, même enfantin, renforce un premier sens abstrait de l’identité et de la reconnaissance de ses pairs Cette première mise en situation ouvre la porte d’un monde qu’il faut obligatoirement habiter et ce, le plus rapidement possible. Un deuxième et un troisième sens des relations interpersonnelles appartenant à des niveaux supérieurs de raisonnement et de réflexion voit le jour après ces petites expériences. Notre monde intérieur juvénile trop souvent embrouillé par un imaginaire éclaté, s’éclairci à doucement pour faire la différence entre l’être et l’avoir, la peur et l’amour, le gain et la perte comme bien d’autres sentiments difficiles à classer sans cette différenciation du moi, du soi et des autres. Si les enfants jouent spontanément c’est qu’ils veulent s’approprier inconsciemment cette complexité psychique multidimensionnelle à travers des gestes simples, des objectifs atteignables comme des mises en situation liées à leur façon d’identifier certaines zones grises associées à l’inconnu, le mystérieux et l’incommensurable grandeur de l’égo.

Jouer à des rôles pour se mettre dans la peau des autres. Jouer à se compter des peurs pour  comprendre l’origine de ses angoisses. Jouer à développer ses forces pour accepter des défis. Jouer à se connaître pour entrer rapidement en relation avec l’étranger. Jouer à s’opposer pour tester sa logique et ses argumentaires. Jouer à résister aux critiques pour sentir jusqu’où ira ses adversaires dans la confrontation. Jouer à être un avatar pour découvrir ce que nous sommes vraiment.

Bref, il faut commencer à jouer sérieusement à se connaître en découvrant ses multiples états d’être dans la profondeur d’un espace capable de mémoriser les étapes de notre développement personnel.

Michel Delage

Agression solaire sur l’environnement technologique

La technologie mobile est extraordinaire, les possibilités de communication de nos téléphones intelligents sont fabuleuses, cependant l’environnement magnétique de la ionosphère, véritable support à la diffusion des signaux satellites, est totalement incontrôlable. Sommes-nous préparés psychologiquement à des interruptions de services dues aux tempêtes solaires ? Du jour au lendemain, seriez-vous capable de ne plus utiliser votre cellulaire mis hors service par des orages magnétiques ?

Il y a maintenant plus de 20 ans, le 13 mars 1989 quatre jours après une éruption solaire, un générateur de 9500 mégawatts et 7 compensateurs situés au Québec et aux États-Unis ont littéralement fondu. Que s’est-il passé ? En fait, lors d’orages magnétiques, la température des transformateurs augmente dangereusement ce qui, conséquemment, met hors d’état de fonctionnement certaines parties du réseau électrique.

«Le paramètre clé pour prévoir les courants géophysiques induits est le champs électrique à la surface de la terre. Or celui-ci est lié aux courants ionosphériques en interaction avec la magnétosphère soumise aux perturbations solaires»*. Sans oublier le phénomène d’oxydoréduction du fer qui fait perdre des électrons aux tuyaux des pipelines lors de perturbations électriques. Cette oxydoréduction est causée par des courants électriques qui se propagent dans le sol lors de ces fameux orages magnétiques.

Les perspectives de catastrophes environnementales ou de pannes de nos systèmes électriques, comme celles de nos systèmes de communications issues du vent solaire, des orages magnétiques, d’un rayonnement cosmique ou des éjections coronales, ont également un effet sur notre santé psychologique. Ces activités astronomiques incontrôlables sont en voie d’atteindre des sommets inégalés causés par d’importants changements de cycles. Qu’il s’agisse du cycle d’inversion des pôles magnétiques du soleil ou de celui de la terre impliquant une diminution de la qualité de notre bouclier magnétique, des dommages considérables à plusieurs niveaux seront à prévoir. Sommes-nous psychologiquement préparés aux conséquences négatives résultant des pannes de communication par satellite ? Êtes-vous conscient de la fragilité de nos systèmes électriques ? Assurément non.

Rapidement la génération WIFI s’est littéralement précipitée dans une sorte de dépendance sans limite face à l’utilisation des produits dits de «mobilité». Toutes ces incroyables possibilités de communiquer nos idées comme nos images, sur l’ensemble de la planète, provient de gigantesques projets notamment Skybridge* qui met en orbite de basse altitude 80 microsatellites de télécommunication afin d’offrir un accès rapide à Internet. Le hic, c’est que ces petits satellites, extrêmement sensibles aux décharges d’origine solaire, peuvent autant perdre leur orbite à cause de l’effet de surchauffement que tomber en panne et même cesser de fonctionner à la seconde même où ils sont frappés par une violente vague magnétique. Les ondes courtes ou hautes fréquences (3-30 kilohertz) de la téléphonie mobile se réfléchissent sur l’ionosphère. Les ondes en dessous de 3 gigahertz, associées au téléphone et à la télévision, traversent l’ionosphère mais subissent des changements de phases dépendamment du contenu. Cette ionosphère, très sensible aux orages magnétiques, peut perturber les communications voire en arrêter la diffusion pendant des heures dépendamment de sa surcharge. Est-ce que les utilisateurs de téléphones portables peuvent psychologiquement assumer des arrêts imprévus de service, causés par des tempêtes magnétiques solaires, qui provoqueront sans aucun doute une angoisse profonde engendrée par le silence ?

Quelles seraient la réaction des usagers et les impacts, suite à un «black out» technologique dont ils ne pourraient être informés, ni en connaître l’origine car toutes les communications avec les réseaux d’information seraient alors interrompues ? Une panique générale sera le ressac d’une brusque prise de conscience de la très grande fragilité de nos systèmes de communication. Bien entendu ce scénario catastrophique ne vise qu’à vous faire réfléchir pendant un instant. Loin de moi l’intention de vous insécuriser. Par contre, ce phénomène est bien réel et le fait que ces cycles astronomiques soient en voie d’influencer notre développement social et nos comportements psychologiques est présentement minutieusement analysé par toutes les instances gouvernementales du monde et par tous les quartiers généraux de défense militaire de la planète.

Les grandes firmes productrices de technologies mobiles devraient suivre l’exemple de la Société des Alcools du Québec et apposer l’avis suivant sur leurs produits informatiques : la modération a bien meilleur goût. Non pas qu’il ait été prouvé, sans contredit que l’usage excessif de la technologie mobile soit une source de toxicité mais, la dépendance et ses impacts, bien réels, prendront des proportions inimaginables lors d’interruptions de service causées par des transformations incontrôlables provenant de l’espace sidéral.

La terre et le soleil sont en interaction depuis des milliards d’années et ces deux entités ont des cycles de transformation perturbant quotidiennement le développement de la vie sur terre. Nous sommes à la croisée de plusieurs cycles astronomiques qui commencent déjà à se manifester.

La meilleure façon de réaliser l’importance de cette technologie dans vos vies est de prendre un moment pour fermer vos cellulaires et tenter de ne plus les utiliser pendant une période donnée. Vous pourrez ainsi analyser votre comportement et votre niveau de stress. Si la tentation est insurmontable ou si après une heure de non-utilisation vous devenez irascible parce que vous ne pouvez plus communiquer avec vos proches au moment désiré, alors imaginez quelle sera votre attitude lorsqu’une telle situation se produira vraiment vous privant de votre appareil mobile pendant une période de plus de 24 heures. S’il est effectivement très grisant de savoir que nous pouvons, d’un simple clic, parler à une personne à l’autre bout de la planète, il peut devenir très angoissant de n’avoir plus aucune possibilité de communiquer avec qui que ce soit.

Bravo à l’avance pour ceux et celles qui auront tenté l’expérience et réussi à diminuer sensiblement leur dépendance à la technologie mobile, car ils auront une longueur d’avance sur les autres au moment de la prochaine tempête magnétique. Votre santé mentale et physique tient à de petits gestes et, parfois, prendre le temps d’écouter votre propre silence permet de mieux vous connaître.

Michel Delage
Réf : En bref, Le Devoir, Éruption solaire et perturbation en vue, Actualité p.A6, 8 mars 2012.
Jean Lilensten et Jean Bornarel, Sous les feux du soleil, Vers une météorologie de l’espace, édition EDP sciences.

Projet d’animation : Espace imaginaire

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D’histoire en histoire, tout le monde enrichit son espace imaginaire

Résumé de la proposition d’animation de rue

L’organisme Faire image propose de valoriser l’espace imaginaire des passants et des festivaliers en leur demandant de raconter des histoires à partir des images abstraites du jeu 55 ICÔNES. Pour souligner le 375e anniversaire de Montréal, les animateurs demanderont aux participants d’insérer le mot Montréal dans leur histoire. Cet exercice de storytelling a pour but de donner l’occasion aux familles et aux visiteurs comme à de petits groupes d’amis de montrer leur capacité à inventer rapidement une histoire à partir d’une des 55 images du jeu et de valoriser Montréal. D’histoire en histoire, tout le monde enrichit son espace imaginaire.

Un stand mobile contenant deux interfaces de jeu (recto/verso) n’occupant que peu de surface de terrain servira à la fois de décor et de repère visuel pour retrouver l’animation dans l’espace public. Deux animateurs aideront les conteurs à stimuler leur imagination, en plus de valoriser l’interaction avec le public présent. Une fois l’histoire racontée, le jeu se termine par un exercice de mémorisation. Le conteur devra replacer son image dans l’interface vide (côté verso) au même endroit où il l’a vue dans l’interface colorée (côté recto). Le fait de retrouver la place de son image dans l’interface de jeu lui permettra de se remémorer plus facilement sa performance de conteur. Certaines histoires pourront être filmées et diffusées sur le Web pour promouvoir le circuit d’animations du projet L’espace imaginaire et les différentes histoires créées de toutes pièces par les participants de tous âges.

Les 5 composantes principales du projet d’animation de rue

1- Le stand mobile

Le décor mobile, le besoin en électricité, la possibilité d’abri tempo en cas de pluie, une place d’entreposage, la signalisation sur le terrain

2- Le jeu 55 ICÔNES

Le jeu d’images, ses interfaces, sa version iPad sur trépied, la version jeu de mémoire

3- Le scénario d’animation

Les exercices de storytelling, l’interaction avec le public, les animateurs et les exercices de mémorisation

4- Les prises de vue vidéo

La captation vidéo des conteurs, des commentaires du public, des animateurs en action et des mini-spectacles

5- La diffusion sur le Web

Le montage de capsules vidéo, la diffusion sur Internet et sur les réseaux sociaux des histoires racontées par le public

Le stand mobile

Le stand mobile du projet L’espace imaginaire sert à la fois de décor pour l’animation de rue et de borne visuelle pour jouer à 55 ICÔNES.

Le stand mobile est démontable et facilement transportable grâce à une base à roulettes amovible, qui permet de le déplacer dans la rue ou dans un espace désigné. La surface utilisée est d’au maximum 25 pieds carrés. Les deux côtés
du stand sont utilisés pour l’animation.

Tutoriel pour les animateurs

Le stand mobile contient une première interface de jeu (l’interface colorée) où l’on peut voir toutes les images du jeu 55 ICÔNES utilisées pour les exercices de storytelling dans un mandala. Côté verso, une deuxième interface (l’interface aimantée) permet de mémoriser l’image choisie en la replaçant au même endroit où elle était dans l’interface colorée. Il arrive fréquemment que cette partie de l’exercice procure un sentiment de difficulté, car plusieurs ont besoin de se faire aider par leurs amis ou leurs proches pour se remémorer la position de leur image. En dessous des deux interfaces, une petite table sert à brasser les 55 images du jeu pour que le participant puisse en choisir une au hasard. Le stand possède des lumières qui éclairent autant les interfaces que la table pour faciliter le choix des images le soir venu.

Un iPad dans un boîtier fixé à un trépied permet de mieux voir les images choisies par les participants et aussi de visionner des vidéos d’histoires racontées (voir le site Faire image). Une application Web transfère les images choisies en format grand écran à partir de l’interface de jeu numérique.

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Le jeu 55 ICÔNES

L’interface du jeu 55 ICÔNES représente une image primitive (un archétype) : un carré dans un cercle. Le carré représente symboliquement la complexité d’un espace organisé, dont l’agencement est axé sur la complémentarité des couleurs; le cercle, divers cycles de transformation transférables en rythmes. L’image finale symbolise une cohérence logique entre l’organisation de notre espace mental et nos différents cycles de transformation associés aux dimensions qui nous habitent. Le carré dans le cercle est un symbole plusieurs fois millénaire ayant servi de modèle à la pensée humaine (monnaie chinoise, mandala indien, réflexion mathématique grecque, etc.) et de cadre mnémotechnique universel pouvant schématiser à sa plus simple expression graphique les assises symboliques de notre langage imagé.

Les assises historiques et scientifiques de l’approche 55 ICÔNES

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Les images du jeu 55 ICÔNES ont toutes été calibrées pour stimuler rapidement notre l’imagination et ainsi déclencher des souvenirs et des images mentales faisant partie intégrante de notre mémoire.

Chacune des images du jeu est constituée d’une forme simple et d’un fond, tous deux d’une couleur différente. Jouer avec 55 archétypes (images primitives) circonscrit en images les variations de notre imagination à travers un système de représentation symbolique universel.

Toutes les images possèdent une image complémentaire dans le jeu, de façon à donner l’impression visuelle que l’interface est équilibrée, c’est-à-dire que notre regard embrasse constamment un ensemble (le carré dans le cercle) plutôt qu’une section de l’interface, voire une image ou une couleur en particulier.

 

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Le scénario d’animation

Les histoires racontées peuvent être humoristiques, cocasses et même étranges. Qu’importe ! Elles sont toutes intéressantes à entendre, car elles révèlent une façon d’organiser spontanément son imagination comme de voir la réalité ou de donner un sens à une image abstraite.

L’exercice se fait à l’aide de 55 images abstraites placées sur une petite table incorporée au stand, de façon à ce qu’on puisse en choisir une seule, à l’aveugle. Pour aider à la concentration du conteur et lui donner un ancrage visuel, on lui demande de tenir compte des couleurs et de la forme de l’image pigée en disant, dès le départ, ce qu’il y voit. Ensuite, à partir de ses différentes impressions, le conteur construit de toutes pièces une histoire en y incorporant le mot Montréal ou encore des souvenirs reliés à la ville de Montréal. Stimuler son imagination est salutaire pour plusieurs, car l’exercice permet d’exprimer des émotions, des sentiments comme des réflexions personnelles.

L’histoire racontée, d’une durée moyenne de 60 secondes, pourra susciter toutes sortes de conversation, voire de réflexions sur des sujets très variés comme l’immigration, la culture, l’histoire de Montréal, les festivals, la famille, etc. L’important est de jouer, en groupe, avec son imagination, d’exercer sa mémoire et sa reconnaissance visuelle des symboles pour réussir à exprimer sa façon de voir Montréal.

Les animateurs(trices) de Faire image valorisent toutes les histoires racontées et aident les participants pour que l’exercice de storytelling devienne une expérience inoubliable pour les conteurs et le public.

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Les prises de vue vidéo

Le but visé :
Pendant les exercices de storytelling, les animateurs(trices) demanderont la permission de filmer les histoires racontées, qui seront par la suite diffusées sur Internet. L’objectif est de découvrir, par la vidéo, les variations d’interprétation des images du jeu et les types d’histoires que les participants peuvent créer spontanément pour parler de Montréal.

Les capsules vidéo seront la mémoire de ces exercices projectifs populaires pour montrer comment un jeu d’images abstraites permet de jouer plus facilement avec son monde imaginaire, que ce soit pour se remémorer ses souvenirs ou pour inventer de nouvelles situations en lien avec le thème imposé.

Tutoriel pour les animateurs (l’espace imaginaire)

La technique :
Les techniciens(nes) qui s’occuperont des prises de vue pendant l’animation filmeront avec un iPad pour faciliter le visionnement des séquences. Cette façon de faire permet de s’assurer que les personnes filmées sont d’accord avec ce qui a été tourné et d’éviter d’avoir un retour négatif sur ce qui sera diffusé sur Internet.

La prise de son se fait simultanément avec un petit micro cravate fixé sur une perche miniature, de façon à ne pas intimider les conteurs et le public. La perche miniature est rétractile pour faciliter son rangement et ne pas nuire physiquement aux mouvements du public sur le terrain.

Sur le boîtier, le nom de l’organisme est écrit de même que la raison de l’exercice : « Racontez-nous une petite histoire ». Le public présent voit, d’un seul coup d’œil, qui a organisé l’animation et pourquoi y participer.

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La diffusion sur le web

Les vidéos diffusées sur Internet par Faire image montreront comment les participants imaginent la ville de Montréal, qu’ils soient résidents, visiteurs ou originaires d’une autre région du Québec. Lors de nos interventions, plusieurs personnes se filment avec leur téléphone intelligent, car ils veulent garder la trace de cet exercice imaginatif à caractère ludique. Certains couples, des familles, des groupes d’amis et même des personnes seules reviennent faire l’exercice et se filment avec leur appareil numérique pour rediscuter, dans un cadre plus intime, des sujets abordés ou de l’histoire racontée. Plusieurs parents, après avoir filmé les histoires des membres de leur famille, nous remercient chaleureusement pour cet exercice qui a enrichi leur dynamique familiale et qu’ils vont s’empresser de diffuser sur les réseaux sociaux.

Le devis technique avec le stand mobile

L’animation ne requiert presque rien au niveau technique, sauf une prise électrique et potentiellement un abri tempo ou un petit toit pour le soleil ou la pluie. Le stand est conçu pour se monter et se démonter en 30 minutes et on peut le changer d’endroit rapidement grâce à un support sur roulettes. Nous pouvons déplacer le stand sur une distance équivalant à 5 minutes de marche, si le besoin se fait sentir ou s’il faut l’entreposer pour cause de pluie torrentielle. Les animateur(trices) travaillent au maximum 6 heures par jour (2 blocs de 3 h).

Il se peut que certains organismes, qui appuient notre démarche, soient présents avec leurs bénévoles.

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Michel Delage – Idéateur et concepteur du jeu 55 ICÔNES Photo 31

Né à Montréal en 1955.
Je fais une recherche depuis 20 ans pour traduire les comportements psychologiques en archétypes (images primitives). Ma démarche à la fois artistique et scientifique se situe à cheval entre les sciences cognitives, l’histoire du langage symbolique et l’utilisation des images projectives en psychologie organisationnelle. L’ensemble de ma recherche est ponctué d’expériences artistiques où la peinture www.peinturesmicheldelage.com la photo, comme la vidéo www.faireimage.org me permet d’approfondir le caractère abstrait de l’image et son influence sur l’organisation de notre monde imaginaire. C’est grâce à notre imagination que nous construisons nos images mentales et, par conséquent, que nous les traduisons en différentes représentations symboliques souvent beaucoup plus proche de l’abstraction que de la figuration.

Depuis 10 ans, ma recherche s’est concentrée autour d’un système d’images abstraits (le jeu 55 icônes) que j’ai perfectionné à travers toutes sortes de rencontres. Avec ce système et son interface de jeu, je fais des exercices de storytelling dans des lieux publics pour mieux comprendre le processus imaginatif et, par la suite, réfléchir aux différentes interprétations proposées. Les capsules vidéo servent à garder la trace des expériences des participants de tous âges.

Mondial des jeux 2015

Les capsules vidéo révèlent notre fabuleuse capacité à utiliser l’abstraction pour naviguer dans notre imaginaire, en mettant en scène la complexité d’un monde intérieur aussi furtif qu’éphémère.

Il serait intéressant que les jeunes, à l’école, grâce à la captation vidéo, puisse se regarder « plonger» dans leur monde imaginaire de façon à prendre conscience que l’abstraction et plus structurante que la figuration. Le processus créatif est directement lié à la possibilité d’avoir accès rapidement à beaucoup de composantes à la fois pour améliorer autant la connaissance que nous avons de nous-mêmes que de raffiner notre vision de la réalité en organisant, de différentes façon, ce que nous voyons, nous percevons et ce que nous interprétons de notre environnement sociale.

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 Michel Delage : 514-278-3885 info@faireimage.org

Devenez un patient partenaire pour votre environnement social

animaux_1« Plusieurs patients veulent plus d’informations concernant la maladie et le processus de soins, explique Vincent Dumez. Ils veulent être plus impliqués dans les décisions, dans l’élaboration du plan de soins. Ils veulent développer de meilleures compétences afin de devenir autonomes pour assumer une partie des soins une fois rendus à la maison. On assiste à un changement de culture majeur. Historiquement, le patient était pris en charge ; on ne lui demandait pas vraiment son avis. »

C’est avec Vincent Dumez que le virage du patient partenaire a été entrepris en 2010 à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal. Hémophile et victime du scandale du sang contaminé, qui lui a valu de contracter le VIH et les hépatites, Vincent Dumez n’a eu d’autre choix que de développer une très bonne connaissance du milieu de la santé avec ses visites régulières à l’hôpital. Continuer la lecture de « Devenez un patient partenaire pour votre environnement social »

La vie, principe universel et éternel

images soleilLe vivant*, défini d’une façon philosophique, métaphysique, spirituelle ou scientifique, comprend une multitude de dimensions où se déploient différents ordres de grandeur dans le même espace-temps. Ce qu’on appelle Vie est en soi un principe animateur universel. Tout ce qui est vivant forme sa propre substance à partir de celle qu’il puise dans son environnement et reproduit ce même principe de contraction pulsante et rayonnante entraînant automatiquement la production de plusieurs cycles de composition. Comme la vie dépasse de beaucoup le cadre de ses manifestations physiques, elle semble avoir une durée qui frise l’éternité dans le simple fait de garder intact ce principe de centre pulsant et rayonnant dans l’infiniment petit, l’infiniment grand et l’infiniment en mouvement. Continuer la lecture de « La vie, principe universel et éternel »

Ave César, ceux qui vont mourir te saluent !

Untitled1La politique  de «faire mourir» pour «faire vivre»

Le mâle dominant, chez certains mammifères, est celui qui est prêt à tuer ses rivaux pour garder une mainmise sur ses femelles. De ce comportement agressif, il résulte que le plus fort l’emporte toujours sur le plus faible, mettant de l’avant cette loi cruelle de la survie de l’espèce où seulement les plus combatifs auront le droit de se reproduire. Chez les êtres humains, c’est le « faire mourir » pour « faire vivre » qui persiste à travers les politiques de développement, lesquelles sont assez proches de l’instinct animal.

Continuer la lecture de « Ave César, ceux qui vont mourir te saluent ! »

L’humanité possède-t-elle une bonne santé psychologique ?

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Pour que l’humanité atteigne une certaine maturité, il faut du temps et il ne faut pas que ce temps soit essentiellement dévolu à la recherche du pain quotidien. Les humains ont la chance de dépasser l’état de survie, car nous avons imaginé, et l’histoire le prouve, des milliers de solutions à des problèmes complexes autant dans le domaine de la production alimentaire, de la communication que des transports. Chaque fois, pour intégrer ces innovations, le climat social s’est adapté aux changements que cela imposait. Le train, l’avion, la télévision, l’ordinateur et le cellulaire ont bouleversé non seulement nos habitudes de vie mais notre mode de penser et, inévitablement, nos comportements psychologiques. Maintenant, ces objets sont parties prenantes de l’évolution de toutes les sociétés dans le monde et servent de dénominateur commun pour entrer plus facilement en communication. Notre imagination a réussi à dépasser les limites conceptuelles et idéologiques dans lesquelles nous étions temporairement enfermées pour nous faire découvrir comment il est possible de modifier nos modes de penser à des fins de cohésion sociale. Aujourd’hui, il est plus sensé d’essayer de comprendre le différences culturelles pour mieux vivre ensemble, de faire des échanges commerciaux avec des pays désirant profiter des nouvelles innovations et de mettre en place des politiques environnementales propices à protéger nos ressources mondiales que de s’entretuer pour un territoire, pour une croyance ou pour tirer profit du malheur des autres pays en augmentant les intérêts de leur dette nationale.

L’apprentissage d’une sagesse planétaire dirigée vers la coopération de tous les citoyens et l’arrêt complet de toute forme de guerre (sans condition) semble douloureux aux plus ambitieux, car la confrontation des plus forts est enracinée dans notre psyché comme la voie royale pour assurer la cohésion sociale et garder intacte cette idée que l’évolution est sans cesse associée à l’élimination de nos ennemis. Disons-le franchement, la guerre et ses multiples démonstrations de force créent une sorte de trou noir aspirant tout sur son passage, y compris leurs instigateurs. De même, il faut revoir cette fascination pour la vengeance et la punition divine comme une manière archaïque et dépassée d’entrer en relation pour affirmer son pouvoir.

Afin de découvrir notre extraordinaire humanité et sa capacité à se réinventer, il faut cesser d’entretenir l’idée que la bataille a encore du sens quand la planète est à feu et à sang, quand les ressources alimentaires se raréfient, quand le développement nous amène à tuer notre voisin et quand la richesse dont nous souhaitons profiter appartient uniquement à ceux et celles qui ont les moyens de la placer dans des comptes offshore. Le « bon » sens serait d’abandonner tranquillement l’idée que la confrontation à grande échelle nous permet d’évoluer.

Nous savons tous et toutes, dans notre for intérieur, comment faire la différence entre des relations gagnantes/gagnantes et celles qui nous dirigent tout droit à notre perte. Et, comme nous avons maintenant une grande facilité à partager une partie de notre vie avec des interlocuteurs de différents pays, grâce à la technologie de l’information, il serait souhaitable d’y voir une occasion d’imaginer comment les esprits belliqueux pourraient trouver du « sens » à s’entraider par delà leurs différences. Si nous utilisons notre imagination, comme nous l’avons fait pour inventer toutes sortes de nouveaux objets, nous pouvons aussi imaginer des solutions aux paradoxes et aux non-sens qui persistent dans notre façon de penser et qui entrainent tous ces actes de barbarie. Cette nouvelle révolution du sens commun devrait être axée sur la santé psychologique de l’humanité afin de nous permettre d’atteindre un nouveau stade d’évolution.

Michel Delage

  • « Le temps d’être généreux…et cohérent »     Mathieu Mireault, Le Devoir,  22 décembre 2014
  • « Le suicide plutôt que le viol pour les femmes enlevés par le groupe EI » Agence France-Presse ,  Le Devoir , 24 décembre 2014
  • « Des trésors détruits par la guerre »   Agence France-Presse,  Le Devoir, 24 décembre 2014
  • Grandeur et misère de l’esprit humain,  Éric Desrosiers, Le Devoir  4 janvier 2015

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Regarder son image dans les yeux des autres

Est-ce que 29- Regarder son image 2l’image que vous avez de vous-même est perçue de la même façon par votre environnement de travail, par vos proches ou vos parents ?

Reconnaissez-vous, dans le regard des autres, l’image que vous projetez en société?

S’exprimer est un besoin essentiel qui demande d’apprendre plusieurs types de langage en plus de véhiculer une  image de soi. Dans certains milieux où la communication est régie par des codes de conduite (l’armée, le monde juridique, le monde des affaires, la mode, etc.), il semble obligatoire de soigner son image et de pouvoir bien la connaître afin de s’affirmer dans l’environnement social choisi. Les images projetées, à l’intérieur d’un milieu de travail, sont souvent formatées par le rôle que nous acceptons, contribuant à façonner le monde dans lequel nous évoluons. Être un cadre, un subalterne ou un consultant teinte inévitablement la façon dont nous nous percevons. Pour chaque secteur d’activité, il existe des types « d’image de soi » véhiculant inévitablement des patterns comportementaux spécifiques (le guerrier, l’homme d’affaires, le mécène, l’intellectuel, le justicier, la victime, etc.). Faire la promotion de son image publique, c’est essayer de la retrouver chez les autres pour donner encore plus de sens à son effort quotidien.

Prenons, par exemple, le monde des affaires. Si l’objectif est de réussir des transactions, de sortir gagnant d’une négociation et d’investir dans des relations qui rapportent à court et à moyen termes, l’image de soi recherchée est celle d’une assurance hors de tout doute, d’une aisance à se présenter et d’une écoute sélective propice à reconnaître les occasions d’affaires. Ce milieu entretient plusieurs stéréotypes comportementaux et privilégie le mode compétitif pour recentrer la communication vers des résultats quantifiables, mesurables et comparables. Savoir s’exprimer en affaires, c’est d’abord connaître le langage de l’argent (money talk) en excluant systématiquement l’image du perdant ou de celui qui ne sait pas tirer son épingle du jeu. Les images de soi en affaires sont celles du prédateur, du dominant, du stratège, mais aussi, dans un souci d’équilibre, celles du mécène, du mentor, du sauveur et du rassembleur hors pair. Il y aurait également d’autres types « d’image de soi » qui permettaient de se réinventer dans le monde des affaires mais, malheureusement, le milieu semble  se regarder à travers le prisme de la compétition féroce dans lequel plusieurs s’engouffrent en prenant toujours les mêmes rôles.

Dans le même ordre d’idées, avec la nouvelle génération d’enfants rois, l’image de soi se confond souvent avec le regard des autres. Car, pour être roi ou reine de son milieu, il faut au moins avoir des admirateurs qui vous voient tels que vous vous voulez paraître. Les nouvelles stars d’un jour s’expriment non pas pour améliorer la qualité de leur communication ou pour enrichir un mode d’expression propice à la confidence, mais pour gagner l’approbation de leurs pairs et ainsi magnifier leur image sociale. Le dénominateur commun de ce mode d’expression : le pouvoir du moi. La préoccupation constante de son image devient ainsi le moteur de sa quête identitaire.  Il faut « prendre sa place » en s’affirmant le plus possible pour se  faire écouter et se faire valoir. La mode des Selfies en est un bon exemple, où l’on glorifie le «  je suis quelqu’un » avec le « regardez-moi » pour exister socialement. Il en résulte des vagues de photos diffusées sur les réseaux sociaux. Bizarrement, plusieurs se contentent des J’aime sur Facebook pour confirmer leur image de soi, d’une façon virtuelle, au lieu de privilégier des contacts plus directs et plus intimes pouvant remettre en question ces images de surface et surtout ce qu’elle sous-entend comme pauvreté relationnelle *. L’expression virtuelle de soi est une image instantanée qui devient une publicité égocentrique pour promouvoir ce que nous voulons que les autres admirent et non ce qu’ils pourraient découvrir sur notre véritable personnalité.

Est-il préjudiciable pour la construction de sa personnalité que l’image que les autres ont de nous ne corresponde pas à celle que nous essayons de projeter ? Pourquoi avons-nous besoin d’un catalogue d’images quand il s’agit de se représenter publiquement ? Peut-être parce que nous voulons que ces « images de soi » que nous adoptons nous regardent …

Michel Delage

* «La pauvreté relationnelle peut faire des ravages», Caroline Montpetit, Le Devoir, 15 décembre 2014

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Tout le monde veut consommer mais personne ne veut mourir

La conférenc23- Tout le monde 2e de Varsovie sur le climat, novembre 2013, a certainement accentué un très grand malaise chez les écologistes du monde entier, augmentant d’un cran le pressentiment d’un destin tragique pour notre humanité si rien n’est fait pour stopper les politiques nationales de surconsommation de nos ressources naturelles. Nous devons absolument regarder avec plus de lucidité cette relation de dépendance aux produits transformés de toutes sortes car nous nous dirigeons, sans l’ombre d’un doute, vers des catastrophes climatiques à répétition. Souhaitons-nous vraiment être enterrés vivants sous des tonnes de déchets pour ensuite nous entretuer pendant un ravitaillement après un cyclone généré par les changements climatiques ? Si la question est grave et qu’elle se situe à plusieurs niveaux, il semble que nous attendons beaucoup trop patiemment que tout se réorganise miraculeusement à notre avantage comme si un superhéros était pour apparaître au dernier moment et régler ce problème complexe facilement.

D’abord, il y a les grandes entreprises de ce monde, aveuglées par la performance économique et la productivité bon marché, qui choisissent volontairement l’obsolescence programmée comme modus operandi d’efficacité et de rendement. Elles se disent : « Si tout se brise systématiquement, le consommateur rachètera inévitablement de nouveaux produits et s’habituera aux nouveaux cycles de vie de plus en plus court des produits usinés dans les pays émergents ». Parallèlement, tout le monde veut stopper le gaspillage mais continue à penser qu’il faut renouveler ses appareils informatiques tous les deux ans, sinon il sera impossible de rester en communication avec le reste de la planète. La consommation, à l’échelle planétaire, est devenue, au moyen de la publicité, une activité sociale qui vise à rassembler des communautés et des groupes d’intérêts pour augmenter les ventes. La promotion de bouche à oreille étant la meilleure méthode pour se garantir de nouveaux clients, la vente dans son essence devient conviviale, sociale et relationnelle avant tout. Donc, impossible d’arrêter la consommation sans perdre…des amis.

Paradoxalement, aucun secteur d’activités ne souffre d’un manque de solutions novatrices pour créer de nouveaux produits toujours plus attrayants et supposément essentiels à la vie moderne, alors que nous manquons toujours de temps, d’énergie et de ressources financières pour mettre en place des politiques qui privilégieraient la simplicité volontaire. De plus, comme les données scientifiques montrent que le commerce équitable ne pourra effacer les empreintes écologiques laissées par le transport en camions, trains, bateaux et avions, il sera difficile d’arrêter cette mondialisation des marchés qui participent à la circulation des biens et services et qui, quotidiennement, dégradent de larges pans de notre environnement.

À l’égal des alcooliques anonymes qui doivent faire l’effort de se sortir de leur dépendance en avouant publiquement s’être égarés, le consommateur du monde entier doit cerner la source de son besoin compulsif d’améliorer coûte que coûte son standing de vie et son estime de soi par l’accumulation systématique d’objets de toutes sortes. Pour guérir de ce TOC moderne à l’échelle R (Trouble Obsessionnel Compulsif de la Récompense), il faut refuser personnellement de participer à une spirale sans fin qui nous entraine collectivement à nous valoriser et à nous récompenser constamment au moyen d’achats dont nous pourrions, en définitive, facilement nous passer. Une prise de conscience populaire s’impose pour changer de paradigme et inverser nos mauvaises habitudes. Le développement des individus devrait être directement lié non pas à leur pouvoir d’achat mais à leur implication dans la communauté pour préserver nos ressources.

Avez-vous déjà essayé de ne rien acheter de neuf pendant une semaine, voire un mois ? La première journée peut sembler facile, mais la deuxième demande de dire NON à quelque chose. Le reste du mois, vous aurez à dire OUI à une autre vision qui implique de réfléchir à l’avenir des prochaines générations. Pour trouver des solutions à la surconsommation, il faut nous mettre dans une situation qui provoquerait la découverte de cet être que nous serions sans cette préoccupation de comparer quotidiennement notre degré de richesse ou… de pauvreté avec collègues et amis. Il est clair que d’arrêter ses achats non essentiels demande d’entretenir une vision à très long terme du bien commun. La terre, l’eau, les arbres ne sont pas un immense centre commercial dont les exploitants peuvent, à leur gré, se réserver l’utilisation à des fins lucratives parce qu’un marché d’acheteurs existe où parce qu’il y a une demande ponctuelle à l’autre bout du globe.

La surconsommation est un phénomène d’entrainement mondial difficilement réversible. Notre humanité devra obligatoirement se réorganiser psychologiquement en ayant un autre point d’ancrage que l’investissement dans cette machine mange-tout du libre marché déguisé en libre-service sauvage. L’illusion de vivre à l’intérieur d’une corne d’abondance planétaire ne pourra durer éternellement. Maintenant, il ne s’agit plus de savoir qui va payer la facture, mais bien qui veut appliquer les nouveaux principes de vie responsables et donner l’exemple dans son cercle d’amis.

Michel Delage

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Exploser ou imploser socialement ?

Si nous co17-Exploser ou imploser 2mparons les grandes transformations sociales à une sorte de développement explosif générateur de nouveautés, nous pouvons constater que certains conflits sociaux de grandes envergures peuvent générer une implosion fratricide meurtrière.

L’explosion sociale, dont on parle, à tendance à canaliser l’énergie pour améliorer la qualité de notre mode de vie à bien des niveaux. Tandis que l’implosion nous amène à franchir une limite où tous les efforts de transformation sont perdus dans une sorte d’hémorragie idéologique incontrôlable remplaçant littéralement le développement en cours par une sorte de décomposition de nos valeurs morales et de nos conventions. L’implosion sociale ressemble sans contre dit à ce phénomène cosmique du trou noir sidéral aspirant par une sorte de vortex extrêmement froid la structure chaude et lumineuse de l’étoile annulant automatiquement son effort d’existence dans la galaxie. L’étoile absorbée nourrie un système parallèle. Passant de l’extrêmement chaud à l’extrêmement froid, l’étoile vampirisée par le trou noir court-circuite la diffusion de la lumière solaire pour créer une sorte de vide absorbant tout sur son passage. 

Il est difficile de croire que nous vivons à la fois ces deux types de mouvements (implosif / explosif) à travers nos différents développements sociaux mais, plusieurs évènements démontrent que cette alternative malsaine nous pousse littéralement à s’autodétruire pour évoluer. L’implosion arrête notre développement pour la rediriger vers la «case départ» c’est-à-dire vers un état de survie perpétuel où il faut tout recommencer à zéro faute de pouvoir comprendre comment ces mouvements  diamétralement opposés pourraient devenir complémentaire.

Que ce soit l’invention du train, de l’automobile ou de l’avion comme nouveaux transports public. Que ce soit la mise en place de services liés à l’assurance maladie ou l’accessibilité aux institutions scolaires, pour les plus démunis, les objectifs de ces «explosions sociales» sont toujours d’augmenter la qualité de notre mode de vie pour le mieux être de tous les citoyens. Dans un autre ordre d’idée, nous acceptons le port d’arme en milieu urbain cautionnant une protection exagérée des personnes favorisant de facto les vengeances personnelles et les règlements de compte créant de petites implosions au niveau communautaire. Toutes les types d’’implosions sociales, surtout les plus banalisées comme la corruption et le taxage systématique des plus faibles, coûtent tellement cher à notre fragile équilibre social que nous ne pouvons plus assumer le «paiement» de ce gaspillage d’énergie.

Plusieurs pays considérés comme émergeant croulent sous une pression interne toujours plus intense où la surconsommation de biens et services nécessite de se procurer obligatoirement des ressources naturelles. Des milices armées engagées pour tuer tous les opposants qui leur empêcheraient l’accès à ces richesses mettent à feux et à sang les nations propriétaires de ses ressources pour arriver à leur fin. Certaines parties du globe sont artificiellement appauvries devenant rapidement des zones sinistrées vidées de leur patrimoine à cause de l’appétit gargantuesque de ceux et celles qui revendiquent avec force la part d’un marché dont ils dilapident allègrement les ressources. C’est à partir de ces sortes de pillages appelés déforestation à blanc, exploration minière sauvage, installation de centrales nucléaires hyper polluantes ou encore surpêche des océans, que nous pouvons mieux saisir la manière dont ces mouvements de destruction massive de notre capital biologique participent à notre implosion sociale.

Citons seulement la technologie des OGM (organisme génétiquement modifié) qui promet d’augmenter la productivité et la performance des récoltes en mettant en place une dépendance pernicieuse aux semences génétiquement modifiées. Les OGM détruisent à petit feu la biodiversité afin de la remplacer par une vie artificielle non adaptée à la pluralité de la vie sur terre. Jamais, depuis des temps immémoriaux, il n’y a eu autant de suicides de fermiers et d’agriculteurs partout à travers le monde après avoir adopté cette technologie de laboratoire au profit de celle plus traditionnel de protéger les semences, d’une année à l’autre, pour renforcer et diversifier les futurs récoltes. Cette nouvelle technologie, du secteur agraire, vise à éliminer la relation ancestrale des cultivateurs face à la terre par une vision uniquement mercantile où l’objectif est de prendre possession des terres cultivables pour mieux en contrôler la hausse des prix. Cultiver la terre devient la convoitise des entreprises de gestion et non des paysans créant ainsi un autre vide de sens au niveau de la relation entre l’homme et sa façon de préserver ses plantes nourricières. Une cascade d’implosions suit son cours d’où personnes, riches comme pauvres, n’en sortirons pas gagnantes.

Le développement, la prospérité et la création d’une richesse collective, vanté par nos dirigeants, est directement associés à la manipulation de quotas, au déracinement de la population autochtone, à la création de camps de réfugiés, à la pollution de l’eau et de l’air comme aux risques de catastrophes nucléaires et à la confrontation guerrière pour le maintien d’une cote en bourse. Rien de tous cela n’aide à la création d’une qualité de vie et d’une participation des individus au développement social. Pire, ces mouvements à caractère implosif nous entrainent assurément vers un non sens relationnel avec notre planète comme si nous étions indépendant voire supérieur aux éléments qui soutiennent notre existence.

 Quel sera l’héritage que nous donnerons à nos enfants ? Un capital financier virtuel acquis en hypothéquant nécessairement l’avenir de la vie sur terre ? Qu’on se le dise, le développement, l’évolution, la maturité politique et la sagesse populaire sont totalement gratuits et sans lien avec l’accumulation d’un pouvoir personnel sur les individus. Ce qui coûte du temps et de l’énergie  c’est d’entretenir la peur du manque à gagner et le contrôle malsain que nous voulons avoir sur la nature et sur les hommes.

 Si la fleur de l’arbre fruitier représente une sorte d’explosion cette dépense d’énergie se dirigera vers la création d’un fruit lequel construira son avenir biologique dans un espace fermé engendrant une sorte d’implosion salvatrice. Ainsi l’arbre évolue et crée de nouvelles générations d’arbres. Rien dans les étapes de son développement n’est mortel et dévastateur car ses différents mouvements, à caractère complémentaires, sont nourriciers et compatible avec la biodiversité. La fleur explose et le fruit implose et chacune des étapes de l’arbre est liée par les mêmes dénominateurs commun: les éléments. L’équilibre recherché est autant au niveau des étapes de réalisations (feuilles, fleurs, fruits) qu’au niveau des multiples principes qui l’animent (photosynthèse, respiration végétale, convivialité avec le règne animal). La flore ne s’autodétruira jamais pour renaitre et encore moins pour se reproduire car la terre elle-même récupère en totalité les éléments participant à sa croissance. Alors, pourquoi l’homme ne peut apprendre de ces exemples tous simples ? Sommes-nous si orgueilleux de notre grande intelligence et de notre vision pragmatique de la réalité que rien ne peut modifier cette tendance à garantir notre développement par l’autodestruction ? Sommes-nous si fasciné par cette idée de contrôle qu’il faille encore et toujours démontrer avec force notre suprématie sur la nature des choses ?

Nous vivons une période charnière où nos décisions sur notre avenir biologique auront un impact sur les prochaines générations. Ce dualisme social d’exploser versus imploser sans tenir compte de notre compatibilité avec les composantes de la nature n’a plus lieu d’être surtout quand la dégradation de nos principes démocratiques fait rage et que nous sommes en voie de nous exterminer afin de garantir la pérennité d’un système financier axé sur l’industrie de la guerre, de la drogue et des médicaments. À défaut d’adopter une nouvelle conscience planétaire pour mieux protéger la qualité de notre environnement nous aurons à subir de plus en plus ces implosions meurtrières dont plusieurs, semble, en tirer profits à moyen terme.

 Avons-nous une chance d’évoluer sans inévitablement se tuer au sens propre du terme ?

Michel Delage

Articles de référence :

Dean Beeby,  « Les crimes à l’arme à feu coûtent cher aux contribuables », Le Devoir, actualités 10oct.2012 p.A2

Éric Desrosiers, « Il y a péril en la planète », Le Devoir, Économie 9 janvier 2013 cahier B

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