Symptôme d’une mutation sociale et planétaire
Il est normal que la détérioration de l’environnement, incluant les catastrophes naturelles, les ratés de nos différents systèmes politiques, les conflits entre les classes sociales comme les guerres de religions accélèrent les transformations d’ordre social. Le mal-être ne date pas de notre ère technologique et de ses outils « intelligents » qui nous font oublier le contact essentiel avec nous-mêmes, car ces transformations se répètent de manière cyclique depuis des centaines sinon des milliers d’années. Elle montre que les mutations d’ordre social et planétaire influencent inévitablement les états psychologiques des individus au point de créer une sorte d’insécurité récurrente. Pourtant cette insécurité pourrait devenir une occasion de synchroniser l’évolution de la société avec celle des individus et vice versa. Le mal-être existentiel actuel chez la population pourrait provoquer une prise de conscience quant à l’urgence d’évoluer personnellement ou, du moins, de faire évoluer la société.
Plus senti que compris, ce que nous appelons le mal-être commence souvent par une perte de repères psychiques, c’est-à-dire une perte de sens des habitudes de vie, des croyances et de la façon de penser pour finir par une vision négative de l’avenir. Qu’il soit associé à la migration des populations, aux conflits religieux et territoriaux ou aux catastrophes environnementales, il pousse l’individu à se remettre en question face à de nouvelles situations affectant ses choix de vie et sa façon de se structurer.
Par exemple, la mouvance de milliers de migrants dans une Europe idéologiquement divisée forcera les sociétés d’accueil à découvrir de nouveaux dénominateurs communs entre les peuples pour adapter leur environnement social à cette réalité. La gestion des dettes nationales, dont aucune génération ne veut assumer la responsabilité, provoquera également la révision, sinon le changement d’un système économique ne profitant qu’aux plus fortunés, si bien que l’idée même d’économie n’aura probablement plus le même sens pour le contribuable. La dilapidation des terres ancestrales pour satisfaire un marché de consommation totalement irrespectueux de notre capital biologique nous amènera à faire des choix éthiques, sous peine de perdre pour toujours une biodiversité extraordinaire. La mutation sociale et planétaire actuelle prend donc des proportions qui nous dépassent et génèrent, par le fait même, un malaise chez différents groupes ou communautés concernés par le changement de paradigme que tout cela impose.
Le mal-être vécu personnellement, en famille ou dans un cadre de travail ne doit pas être considéré comme une faiblesse de caractère, mais plutôt comme une motivation à participer à un grand mouvement évolutif qui va transformer nos anciennes façons de penser. C’est par une nouvelle image de soi alliée à une vision du plus grand que soi que nous pourrons transcender ce malaise et les différentes visions sociales et politiques qui en sont souvent le centre actif. Cette nouvelle image de soi implique de meilleures interactions avec ses proches et ses collègues; la vision du plus grand que soi, une conscience planétaire, voire cosmique. Cette image de soi devrait dépasser nos limites territoriales et culturelles comme les idées de castes et de classes supérieures; la vision du plus grand que soi, intégrer une démarche spirituelle à caractère universel. Enfin, une nouvelle cohérence personne/société/planète est à réinventer qui privilégierait la qualité de vie comme principale richesse et non un produit national brut dont personne ne se soucie au quotidien et qui, somme toute, est très abstrait.
La mutation sociale dont je parle sous-entend de modifier impérativement l’ancienne image de soi en lien avec une vision claire du plus grand que soi. Je pense que le mal-être qui sévit actuellement dans tous les secteurs d’activités et qui touche autant le citoyen que les dirigeants doit être le catalyseur du passage de la petite à la moyenne, voire à la grande et même à la très grande évolution.
Qui sait ? Ce mal pourrait être le début d’une renaissance de l’humanité.